Construire une mission spatiale

Une mission spatiale, c’est un long cheminement. Depuis la première idée jusqu’à la réception des précieuses données, il peut s’écouler plusieurs décennies. Dans le cas de BepiColombo, tout a commencé dans les années 90.
Alain Doressoundiram, en salle blanche à l’Agence spatiale européenne, en juin 2017, lors des derniers tests d’intégration de la sonde avant le départ pour Kourou.  Droits réservés
Le développement de BepiColombo, à l’instar des projets spatiaux n’est pas un long fleuve tranquille. Loin s’en faut. Pour l’agence spatiale européenne (ESA), ce fut une gageure d’envoyer un engin spatial à proximité immédiate du Soleil, pour observer de près une planète chauffée à blanc (+430°C coté jour). Il a fallu, fait exceptionnel, inventer et développer la plupart des technologies à bord de BepiColombo, avec ce que cela implique en aléas, tests et dépassements de budgets. De plus, c’est un projet européen, et autre grande première pour l’ESA, une collaboration étroite avec la JAXA, agence spatiale japonaise, puisque celle-ci avait à charge de fournir l’une des deux sondes (MMO) de la mission.

En 2004, l’ESA et la JAXA lancent un appel aux scientifiques européens et du monde entier, pour proposer des instruments à bord de la mission et permettant de répondre aux grandes questions scientifiques. Au total, 11 instruments sur MPO et 5 instruments sur MMO sont sélectionnés, impliquant une trentaine de laboratoires reparties en Europe et au Japon, ainsi que la Russie et les Etats-Unis. En Europe, la compagnie Airbus Defence and Space est le maitre d’œuvre des parties européennes du vaisseau, avec des contributions de plusieurs autres industriels.

Durant 14 longues années, les  différents instruments et systèmes de BepiColombo ont été conçus, fabriqués et testés, afin qu’ils puissent résister aux violentes secousses du décollage, aux radiations hostiles de l’espace et aux températures extrêmes proches du Soleil et de Mercure. Et tout en s’assurant que les mesures soient tout aussi performantes !

Octobre 2018 : le Lancement. C’est certes un étape importante, mais les scientifiques devront patienter 7 années encore avant l’arrivée des sondes à Mercure. En effet, ce voyage étonnamment long est requis car même si la distance semble courte entre la Terre et Mercure, c’est aussi difficile que d’envoyer une sonde vers Saturne. Dans notre cas, il va falloir beaucoup d’énergie pour freiner et ne pas « tomber » dans le Soleil.

Décembre 2025 : enfin l’arrivée à Mercure et le début des observations des instruments. MPO et MMO, en orbite autour de la planète de fer durant 1 année, pourront acquérir les images et les mesures tant désirées par les scientifiques. Et l’histoire ne s’arrête pas là, car ces précieuses données, 2 To, occuperont les scientifiques pendant des mois et des années encore !
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